Oh, Canada !
Certains projets semblent si simples. Après avoir terminé la TransAm Bike Race en 2018 (dont j’ai adoré chaque minute), je me suis dit: ne pourrions-nous pas en organiser une course de plus grand ampleur au Canada ? Nous avons un territoire encore plus long, un terrain et un climat plus variés, plus de pistes cyclables protégées et des panoramas spectaculaires. Ça devrait être de la tarte à organiser, non?
Non. Près de mille heures de travail plus tard, la tarte est enfin servie. Vous voyez: une course nationale de bikepacking de cette ampleur n’a jamais été tentée. Contrairement à TransAm, qui varie autour d’une route bien connue, le Canada n’a pas de telle route. Il aimerait bien en avoir une: il y a une illusion de piste cyclable appelée le Sentier TransCanadien qui a fière allure sur une carte mais qui est souvent introuvable dans la réalité. Parfois, c’est une piste cyclable adaptée aux vélos de route, parfois uniquement pour les vélos de montagne, parfois elle n’est accessible qu’en hiver et est dédiée aux motoneiges, souvent il n’y a tout simplement rien du tout. Alors Étape 1: construire un nouveau sentier national.
Comment vous y prendre? Lisez des centaines de blogs de voyage, contactez des clubs de randonneurs dans chaque province, analysez des cartes thermiques, parcourez quelques segments. Ensuite, essayez d’optimiser les choses pour que le coureur puisse rencontrer des options de réapprovisionnement, des magasins de vélos, des hôpitaux, des options d’évasion s’il souhaite abandonner, une boucle à travers les panoramas les plus époustouflants que l’on puisse trouver, obtenir les opinions contradictoire d’anciens touristes transnationaux et essayez d’enfiler autant de pistes cyclables protégées que possible. Travaillez avec les forces de l’ordre dans de nombreuses juridictions pour obtenir des conseils sur la sécurité. Le chemin de fin est si long que RideWithGPS ne peut pas le gérer dans un seul fichier. Il s’essoufle même avec quatre.
Ensuite il y a les considérations climatiques et faunistiques: nous partons du nord-ouest, près de l’Alaska voisin. L’hiver se termine tard et les orignaux, les grizzlys et les ours se mettent rapidement à l’oeuvre pour produire et protéger leur progéniture. Je ne veux pas que les coureurs traversent ce territoire pendant la saison animalement “productive”, nous devons donc commencer plus tard. Ce serait également bien si la neige avait généralement disparu et ne bloquait plus les nombreux cols de montagne. Jetez un coup d’œil obsessif sur les modèles statistiques pour les conditions météorologiques, les accumulations de neige, les cycles de la faune, etc.
Mais alors une autre contrainte fait son apparition: en août, depuis quelques années, les majestueuses forêts de l’Ouest sont à la source de nombreux brasiers, commençant généralement à la fin de la première semaine d’août. Revenons donc à la planche à dessin: tracez un chemin qui peut être emprunté par la majorité afin qu’ils puissent être sortis de la zone forestière avant la fin juillet (en effet, nous avons une date limite stricte du 31 juillet pour atteindre Calgary.) Et si les gens ne peuvent pas arriver à cette date, trouver un chemin qui traverse autant de gares routières, de gares ferroviaires, d’aéroports locaux et de locateurs de voitures que possible.
Le Canada sillonne ses routes à travers des régions où le climat change 4 fois par an, des froids hivernaux mordants aux chaleurs de type sauna en été (et parfois cela change même 4 fois par jour). Cela signifie que les Canadiens reconstruisent des routes tout le temps. Découvrez que de grands projets de travaux routiers ont été annoncés à travers votre parcours soigneusement conçu et… recommencez !
Ensuite, il y a l’aspect politique. Une course comme celle-ci traverse de nombreuses juridictions: des centaines de villes, les 10 provinces et un territoire. Ne serait-il pas amusant de tous les impliquer ? Nous avons donc commencé à organiser une course à pied de relais entre les villes pour les aider à collecter des fonds pour leurs équipes sportives locales et leurs centres communautaires, portant une torche d’un bout à l’autre du pays. Et quand tout est sur le point de disparaître, la pandémie frappe. Zut, pas de course à pied.
La pandémie aussi: la course peut-elle même être organisée en juin? Alors faites quelques dizaines d’appels à des experts en santé publique pour essayer de placer dans le temps la course après la réouverture des frontières. Adaptez le chemin en conséquence.
Ensuite, concevez un chemin de randonnée plus court pour ceux qui ne veulent pas faire de course mais qui veulent tout de même profiter de la majeure partie du pays. Parce que.
Et puis le travail juridique, contacter les clubs de vélo et les associations de vélomobile du monde entier … et je pensais naïvement que cela ne prendrait que quelques semaines à organiser !
Qu’obtient-on après tout cela? Une course autonome à travers l’un des territoires les plus agréables, les plus paisibles et les plus époustouflants imaginables dans le deuxième plus grand pays du monde. Du nord au sud et de l’ouest à l’est. Un chemin si ambitieux dont tous les roadies canadiens rêvent mais qu’une infime portion d’entre eux tentent. Ce n’est pas une course pour les non-entraînés. C’est une course clé-de-voute. La Course. La Course qu’un coureur doit faire au moins une fois dans sa vie. Celle qui motive à s’entraîner année après année. La course cycliste la plus longue et la plus difficile (physiquement et logistiquement) au monde. Ne me demandez pas de la raccourcir ou de la rendre plus facile. Elle n’est pas censée être facile. Elle ne le sera jamais. Entraînez-vous pour cela, préparez-vous pour cela, récoltez-en le trophée personnel le plus précieux de votre vie sportive.
L’inscription débute le 23 décembre 2020.